Texte de la vidéo :

Toute société implique nécessairement une hiérarchie. Afin que chacun soit à sa place, pour jouer son rôle dans la société, il faut un ordre. C'est une illusion de l'homme moderne d'affirmer qu'une vie égalitaire pourrait être juste : au contraire, une société où tous les membres seraient strictement égaux s'achèverait obligatoirement en une tyrannie inhumaine. Il en va de même chez les anges : par nature, ils s'ordonnent en une hiérarchie qui a Dieu pour principe. Chacun y joue son rôle, selon les volontés divines, comme les instruments d'un orchestre s'appliquent à jouer leur partition, afin que l'ensemble soit harmonieux.

Les anges, d'ailleurs, communiquent entre eux ; ils s'échangent des idées qu'ils ont reçus de leurs supérieurs, afin d'organiser leur action de la façon la plus efficace possible : ils voient en Dieu ce que celui-ci attend d'eux, et ils s'empressent de le réaliser en y trouvant leur joie. Il y a donc une langue des anges – non pas un bavardage, ni même des paroles, mais une véritable communication !

La Sainte Ecriture nous dit de plus qu'il existe différents types d'anges, avec des dénominations et des rôles différents. Dans l'Ancien Testament, Isaïe (6²), nous l'avons vu, parle des Séraphins qui entourent le trône divin dans le Temple ; Ézéchiel (10¹⁵) utilise le nom de Chérubins pour décrire ces anges qui adorent Dieu sans cesse : « La gloire de Yahweh s'éleva de dessus des Chérubins et vint sur le seuil de la maison ; la maison fut remplie de la nuée, et le parvis était plein de l'éclat de la gloire de Yahweh. Le bruit des ailes des Chérubins se fit entendre jusqu'au parvis extérieur, comme la voix du Dieu tout-puissant quand il parle. » Dans le Nouveau Testament, saint Paul énumère d'autres chœurs angéliques : « en lui, [Jésus-Christ], dit-il dans l'épitre aux Colossiens, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui » (Col 1¹⁶) ; dans l'épitre aux Ephésiens, il énumère encore : « [Dieu a établi le Christ] au-dessus de tout être céleste : Principauté, Souveraineté, Puissance et Domination, au-dessus de tout nom que l'on puisse nommer, non seulement dans le monde présent mais aussi dans le monde à venir » (Eph. 1²¹) ; enfin, l'épitre de saint Jude parle de l'Archange Michel, qui se bat contre le diable et lui dispute le corps de Moïse... En de multiples autres endroits de l'Écriture, enfin on trouve le terme d'ange pour désigner ces messagers célestes, comme nous l'avons déjà vu.

En résumé, on peut donc dire, avec le grand théologien Denys l'Aréopagite, qu'il y a trois hiérarchies de trois chœurs d'anges, soit neuf au total. La première hiérarchie, composée des Séraphins, des Chérubins et des Trônes sont immédiatement tournés vers Dieu. Ils le contemplent et le servent sans fin dans l'adoration parfaite : ils sont comme absorbés par l'infinie Beauté et l'infinie Puissance du Dieu des armées. Dans la seconde triade, composée des Dominations, des Vertus et des Puissances, les anges disposent le plan général du gouvernement divin, et ils exposent pour les hommes le chemin spirituel qui les mène vers Dieu. Enfin, dans la troisième hiérarchie, composée des Principautés, des Archanges et des Anges, ces projets divins sont reçus et exécutés : ce sont les anges de cette dernière triade qui agissent dans le monde, portent les messages divins vers les hommes et accomplissent les actions que commande la Providence divine.

Les anges « célèbres » pour ainsi dire, ceux qui sont mentionnés dans la Bible, appartiennent donc tous aux deux derniers chœurs des anges et des Archanges : comme nous le verrons dans les prochaines méditations, saint Raphaël, saint Gabriel et saint Michel sont des Archanges, destinés à réaliser les actes de la Providence dans le monde.

D'ailleurs, ces trois anges sont les seuls dont on soit assuré de l'existence, car leur mission est explicitée dans l'évangile. On trouve bien, dans d'autres écrits anciens, le noms d'autres anges, comme Uriel, Raguel, Sarakiel ou Jeremiel… mais ces écrits, par exemple les livres d'Hénoch ou le 4^e livre d'Esdras ne sont pas « canoniques », c'est-à-dire qu'ils ne sont pas retenus comme absolument authentiques par l'Église catholique : la liturgie de l'Église ne les mentionne donc pas, et l'on sait vraiment peu de choses à leur sujet.

Pour conclure au sujet de ces hiérarchies angéliques, on doit remarquer que Dieu, comme d'habitude, a fait les choses invisibles comme les choses visibles avec emphase et lyrisme, en vue de manifester sa générosité abondante et sa perfection inépuisable : cette prolifération baroque d'anges de différents types et de différentes natures fait penser à la palette infinie des couleurs et des tons qui ornent le monde matériel. Dieu aurait pu faire les choses simplement, en noir et blanc, un ou zéro… mais il a voulu au contraire manifester sa magnanimité, sa bonté et sa générosité dans ces nuances infinies de couleurs et dans ces chœurs angéliques qui se succèdent, s'ordonnent et qui peuplent l'univers invisible de leurs qualités respectives. Rien ne manque à la richesse et à l'abondance de l'univers tel que Dieu l'a voulu : tous les degrés des êtres possibles sont accomplis, réalisés, comme en une échelle qui monte de la Terre vers le Ciel et dont les messagers célestes nous aident à gravir les barreaux !

Cliquons maintenant sur le bouton "je prie" pour conclure notre réflexion en prenant la prière à l'archange saint Michel.